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mardi 25 février 2025

Courrier du Continent

SUISSE. Fondé en 1946 par le Suisse Gaston-Armand Amaudruz (1920-2018), le Courrier du Continent, bulletin de l'Action Européenne, est une publication périodique A4 des Éditions de Cassandra qui présente dix fois par an une revue de la presse internationale, une tribune libre, des notes de lecture, une rubrique consacrée à l’histoire et à la culture, l’actualité révisionniste, un éditorial... Son rédacteur-responsable actuel est René-Louis Berclaz (1950). Le numéro 666 (mars 2025) de cette lettre personnelle et confidentielle vient de paraître. Au sommaire, on relève des hommages à Jürgen Graf (1951-2025), écrivain et historien, et à Mgr Richard N. Williamson (1940-2025), tous deux décédés récemment.

Pour s'abonner (50 CHF/an) :

Editions de Cassandra
Case postale 46
CH-3960 Sierre

mercredi 22 mai 2024

Genève vote sur les symboles haineux

SUISSE. Le 9 juin prochain, le peuple genevois se prononcera dans les urnes sur l'article constitutionnel 210A interdisant l'exhibition ou le port de symboles, d'emblèmes et de tout autre objet de haine dans les espaces publics du canton. Pointés en priorité : les attributs du nazisme comme la croix gammée et le sigle SS. Seul leur usage à des fins culturelles, historiques, pédagogiques ou journalistiques restera admis dans l'ordonnance d'application. La peine encourue pour les contrevenants, elle, ne pourra être qu'une amende d'ordre sanctionnant des actes de gravité limitée.

Front de refus

Plusieurs personnalités et mouvements politiques s'opposent à ce texte d'inspiration juive, notamment à l'extrême-droite, au motif qu'elle est liberticide. Parmi eux, le Cercle Georges Oltramare, le Comité pour la Nature, le Front National Suisse, Liberté, Pro libertate et Résistance Helvétique pour ne citer que quelques-uns. Mais le plus étonnant, c'est l'avis du premier parti de Suisse, soit l'UDC qui rejette aussi cet objet et invite le citoyen à voter NON, ce au grand dam de la communauté israélite de Genève et d'associations telles que la CICAD et la LICRA luttant contre le racisme et l'antisémitisme.

L’opinion populaire, elle, paraît divisée sur le sujet d’après un micro-sondage. Nombre d’électeurs refuseraient d’inscrire cette disposition dans la loi fondamentale du Canton, pour d’aucuns parce qu’elle est imprécise, d’autres préférant une loi ordinaire à l’échelle nationale. Les plus avisés pensent que censurer le symbole d’une idéologie, quelle qu’elle soit, n’empêchera jamais celle-ci de circuler. Certains craignent que cela ne restreigne leur liberté d'expression. Bref, le principe est loin de faire l’unanimité, bien que plébiscité par le Grand Conseil en juin 2023.

On comprend cette réticence. Comment définir ce qui est ou pas un symbole haineux ? Qui le déterminera, sur quels critères ? En effet, il est difficile d'établir une nomenclature des signes à prohiber qui s'avère soit partiale, soit interminable pour s'adapter à l'actualité. Assurément, c'est ouvrir une boîte de Pandore... déjà avec le swastika, symbole millénaire et universel de paix avant d'être perverti par le nazisme, ou les codes de reconnaissance cryptiques (18, 88, SWP, Z, etc) aux possibilités infinies dont use l'extrême-droite.

Et puis... d'autres cas de figure peuvent émerger. Si la loi était présentement en vigueur, on peut imaginer, par exemple, que des citoyens réclament à l'Etat que l'Etoile de David et le drapeau israélien soient bannis de nos espaces publics en raison des crimes de guerre commis par Tsahal ces derniers mois contre des civils palestiniens dans la Bande de Gaza (PL). Requête pas si inepte, selon certains juristes !

Article constitutionnel inutile

Il faut savoir que le droit suisse proscrit déjà la discrimination et l’incitation à la haine via les articles 261bis du Code Pénal et 171c du Code Pénal Militaire. Est puni ainsi l’emploi d’emblèmes, d’objets, de slogans ou de gestes lorsqu’ils servent à faire publiquement la propagande d’une idéologie radicale, du racisme ou de la violence dans le but de rallier des tiers. Par le passé, le législateur s’est penché plusieurs fois sur une interdiction totale des symboles extrémistes de l’espace public, ce sans voter une norme pour autant. Sauf qu'après le Conseil des Etats en décembre 2023, le Conseil national a accepté le 17 avril 2024 la motion CAJ-E 23.4318 (13.10.2023) chargeant le Conseil fédéral d’élaborer une base légale dans ce sens. Même si cela suscitera un débat parlementaire, fort animé, cette nouvelle tentative pourrait être la bonne.

N’ajoutons pas de l’arbitraire dans la Constitution de la République et Canton de Genève avec l’article 210A. Votons NON le 9 juin à cette modification ! L’arsenal juridique actuel est suffisant en la matière dans l’attente soit d’un texte pénal, avec un paragraphe 6 à l’article 261bis ou un article 261ter, soit d’une loi fédérale distincte (LISN) garantissant une solution unique et uniforme dans toute la Suisse.

mardi 14 décembre 2021

L'artiste Pixel toujours plus cher !

ART. Le 25 novembre dernier, une nouvelle oeuvre digitale de Pixel (PX) s'est arrachée pour un prix avoisinant les 200.000 USD, lors d'une vente aux enchères sur le site Rarible, permettant à l'artiste suisse de battre son précédent record marchand de l'année.

Intitulée Lines #12, l'image au format jpeg est stockée, authentifiée et sécurisée sur la blockchain Ethereum via un NFT (Non-Fungible Token). L'auteur a émis à cette occasion un timbre-poste suisse à 1.70 CHF (WebStamp) où figure une miniature dudit opus, ce en 22 exemplaires comme il le fait habituellement pour chacune de ses compositions. Une vignette, non oblitérée, a même été enregistrée au dépôt légal genevois. Un fac-similé de cette pièce est actuellement affiché en public du 13 au 18 décembre 2021 au coeur de Manhattan, à New York (USA), avec celles d'autres peintres sur un panneau géant.

Lines #12 / © Franco Maiullari 2021
 

Dans ce visuel réalisé grâce à un logiciel graphique sur la base d'algorithmes, on reconnaît le caractère obsessionnel de Pixel pour les lignes et les bandes colorées qui sont devenues, aujourd'hui, les éléments centraux de son univers esthétique. L'artiste se voue, année après année, à l'exploration rigoureuse et interminable d'une forme et d'un processus créatif, par essence répétitif mais aux multiples variations, cette quête aboutissant à une oeuvre singulière, exempte de message, d'une absolue cohérence sur laquelle le temps semble ne pas avoir prise. On aime ou on déteste ces codes-barres fétichisés en idéal pictural.

Pour rappel, Pixel est le pseudonyme de Franco Maiullari (1954), ex-banquier qui s'adonne en amateur à l'art pictural abstrait depuis les années 2000. Celui-ci a exécuté à ce jour quelque 150 tableaux, estampes et infographies, à quoi s'ajoutent des graffitis, effectués avec son alter ego, sur les murs de Londres (GB), New York (USA) et Paris (F). Le plasticien privilégie désormais le crypto-art dans sa production artistique, face à l'engouement mondial pour les NFT. La plupart de ses oeuvres se trouvent chez des particuliers, dont le célèbre Zeng Fanzhi, ou dans des banques privées telles que Bedrock à Monte-Carlo (MC). Enfin, depuis quelques mois, sa cote de valeur et sa notoriété ne cessent de grimper sur le marché international de l'art, ce sous la pression des spéculateurs et des collectionneurs mais, aussi, en raison de la rareté des oeuvres disponibles.

mardi 21 septembre 2021

L'artiste Pixel vend son premier NFT

ART. Le peintre suisse Franco Maiullari (1954), alias Pixel (PX), a vendu sur Internet sa première oeuvre digitale intitulée Lines n°2 (1/1), sous la forme d'un fichier jpeg de 310 Mo, avec son certificat d'authenticité, le tout encrypté et associé à un NFT (Non-Fungible Token), pour un montant de 168.600 USD à un riche industriel chinois dont l'identité n'a pas été révélée. La transaction commerciale, payée en Ethers, a eu lieu le 28 août 2021 via la plate-forme OpenSea. Environ 2.000 personnes ont suivi l'encan en direct. Parallèlement, le plasticien a marqué l'événement en émettant un timbre-poste helvète, de valeur faciale à 1.70 CHF, sur lequel figure en miniature la pièce cédée, comme l'homme a coutume de le faire pour chaque opus produit. Vingt enveloppes affranchies avec ladite vignette et oblitérées, contenant un courrier explicatif, ont été adressées à l'acquéreur, à cinq maisons de négoce en philatélie, six musées d'art et huit collectionneurs influents, parmi eux François Pinault et David Geffen. En sus, un timbre-poste, non oblitéré, a été enregistré au dépôt légal genevois. Avec cette enchère hors-norme, la cote du créateur a bondi sur le marché international de l'art contemporain tout comme sa notoriété, le sortant d'un relatif anonymat. Celui-ci est répertorié à présent dans Artnet. Il faut savoir que jusqu'alors les ouvrages de Pixel se monnayaient entre 4.100 et 15.500 USD, guère plus...

Lines #2 / © Franco Maiullari 2021

Franco Maiullari, qui est un ex-banquier, pratique en amateur l'art abstrait depuis les années 2000. Après ses deux séries de tableaux, de grands formats, Spaces (2006-2009) et Endlos (2015-2017), les bandes striées colorées, plus ou moins larges, parfois séparées par des raies blanches, le tout en alignement vertical ou horizontal, sont devenues au fil d'une temps des éléments centraux de son univers esthétique, aux multiples et infinies variations. Pixel a réalisé à ce jour quelque 130 toiles, gravures et infographies, à quoi s'ajoutent des graffitis figuratifs à Londres (GB) et New York (USA).

Pour les experts d'Artprice et certains critiques d'art, Pixel n'a pour l’heure qu'une importance mineure dans la création contemporaine, malgré son style affirmé aux qualités picturales évidentes. C'est pourquoi son subit et inattendu record sur OpenSea leur paraît être une valorisation surfaite, voire suspecte. On soupçonne une vente spéculative orchestrée par l'artiste, avec la complicité de l'acquéreur chinois et d'un second enchérisseur. Partant, le site OpenSea a suspendu le compte de Pixel. Affaire à suivre...

mercredi 9 décembre 2020

Un activiste NS viré de la ZHdK

SUISSE. La Haute école d'art de Zürich (ZHdK) a expulsé un étudiant* de 19 ans. Ses camarades de classe et des enseignants ont demandé qu'il soit renvoyé après avoir eu connaissance de ses opinions politiques d'extrême-droite et de sa vénération pour Adolf Hitler. Une pétition réclamant son départ avait réuni quelque 2.000 signataires, parmi lesquels des élus de la gauche zurichoise et des Juifs. La direction avait déjà pris des mesures disciplinaires contre celui-ci au mois d'août 2020. Le concerné s'était vu interdire l'accès aux locaux et l'utilisation des infrastructures de l'institution avant d'être exmatriculé le 8 décembre.

Dénonciation

Parallèlement, l'université avait signalé à la police la radicalisation de l'élève. Il faut savoir que l'individu dirige Eisenjugend Schweiz, groupe radical d'inspiration accélérationniste, fondé fin 2019 à Winterthour (ZH), qui souhaite l'effondrement de notre civilisation afin de la remplacer par une société néofasciste basée sur l'éthno-nationalisme. L'entité compte une soixantaine de partisans, avec des ramifications à l'étranger. Les forces de l'ordre ont saisi plusieurs armes à feu, dont un fusil Barrett M82, et des munitions lors d'une perquisition cet été à son domicile. Du matériel de propagande a été aussi confisqué. L'interpellé, sans casier judiciaire, n'a rien livré sur les activités et les membres de sa milice aux enquêteurs. Ceux-ci ont constaté, en analysant ses ordinateurs, qu'il diffuse son idéologie auprès de nombreux contacts sur Internet, principalement via Telegram. Certains propos publiés sont aux limites de la loi tels ceux de James Manson ou le manifeste de Brenton Tarrant. Par ailleurs, sa filature ainsi que l'examen de ses communications et de ses finances n'ont rien révélé de compromettant. Ces investigations ont juste permis d'identifier ses relations et d'établir qu'il se préparait, avec son corps paramilitaire, à l'éventualité d'une guerre racialeIn fine, aucun élément tangible pour étayer des accusations, notamment de projets d'attentat ou d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Le sujet a été relâché à l'issue de son audition. Ses armes, pourtant acquises légalement, ne lui ont pas été restituées par mesure préventive. Pour l'heure, le Parquet zurichois ne s'est pas prononcé s'il y a matière à des poursuites judiciaires à son encontre. D'autres militants de ladite milice ont été désarmés et interrogés, entre-temps, par le SRC sans plus de succès.

Violences à la ZHdK

On apprend aujourd'hui que l'intéressé a subi des insultes, des menaces voire des coups de la part de ses condisciples à la ZHdK pendant plusieurs semaines, avec en sus une campagne de dénigrement orchestré par Barrikade info. Il a supporté son calvaire sans faire appel à sa troupe pour le défendre. Les faits sont d'une extrême gravité, pour l'avocat du jeune homme. En effet, la direction de l'école n'a pas réagi pour stopper ce harcèlement malgré les alertes de la victime. Au contraire, elle a cédé aux pressions des antifascistes en excluant cet étudiant sous des prétextes captieux pour rétablir la paix sur le campus. Parmi les raisons invoquées : ses convictions politiques contraires aux valeurs portées par l'université. Autrement dit, la ZHdK ne l'a pas protégé tout comme elle n'a pas respecté ses libertés fondamentales ni son droit à une formation professionnelle gratuite dans une institution publique, garantis par notre Constitution. C'est pourquoi des plaintes pénales ont été déposées contre son dirigeant, Thomas D. Meier, ainsi que quatre élèves qui ont violenté le recourant à de multiples reprises. Cependant, ce dernier n'exigera pas de réintégrer la haute école, a précisé son défenseur, surtout après ce qu'il a enduré. Barrikade.info sera également traduit en justice.

Sous protection policière

L'établissement scolaire pourrait essuyer dans les prochains jours des représailles, telles qu'une cyberattaque visant son réseau informatique, du vandalisme ou, pire, une fusillade de la part des néonazis, craint sa direction. Les professeurs, signataires de la pétition précitée, pourraient aussi être agressés. La sécurité du lieu a été renforcée en conséquence. Thomas D. Meier bénéficie, lui, d'une protection policière 24h/24... alors que la Eisenjugend Schweiz vient d'être dissoute par son chef. Ce dernier ne cesse pas son combat politique pour autant !

* Nom connu de la rédaction

vendredi 30 mars 2018

Fronde contre le CAC de Genève

SUISSE. La Genève internationale possède une offre culturelle, riche et variée, qui évolue en permanence. La politique conduite par la Cité de Calvin en la matière est exemplaire puisque ladite Municipalité y consacre plus de 20% de son budget annuel, soit quelque 256,4 millions de francs en 2017. Ainsi, la Ville de Genève soutient et finance directement ou indirectement nombre d'institutions, de fondations et de sociétés, d'événements et de projets dans les champs culturel, artistique et patrimonial. Parmi eux, citons le Centre d'art contemporain de Genève, communément appelé le CAC.

Une Kunsthallle romande

Le Centre d'art contemporain de Genève a été fondé en 1974, à l'initiative d'Adelina von Fürstenberg, et s'est constitué en association sans but lucratif en 1981, avant de devenir une fondation de droit privé en 2010. Situé dans le Quartier des Bains depuis 1989, le CAC siège au BAC, bâtiment industriel qu'il partage avec le MAMCO, le FMAC et le Centre de la photographie. L'institution y dispose d'une surface d'exposition d'environ 1.000 m² sur deux étages, et d'autre part d'un cinéma, d'une résidence d'artistes, d'un Project Space et d'une librairie sur un étage distinct. Nommé en septembre 2012, l'Italien Andrea Bellini (1971), historien et critique d'art, en est l'actuel directeur.

Le CAC offre aux artistes un espace voué à la création et, aux gens intéressés, un point de rencontre et de découverte. Son objectif est de faciliter, dans la mesure de ses moyens, la production de nouvelles oeuvres sans pour autant pratiquer de politique d'acquisition. C'est un médiateur entre le public et l'art contemporain en faisant connaître des artistes suisses et étrangers émergents ou qui tiennent une place majeure dans ce domaine. Ceux-ci sont invités à y concevoir des travaux novateurs et à les montrer. Maurizio Cattelan, Joseph Beuys, Olivier Mosset, Pipilotti Rist ou encore Andy Warhol font partie des plasticiens, parmi les plus connus, qui ont exposé dans ce lieu d'expérimentation. Le CAC n'est donc pas un musée qui joue, lui, un rôle historiographique lié à la constitution et à l'élargissement de ses collections, à l'exemple du MAMCO.

Depuis sa fondation, le CAC a présenté plus de trois cents expositions pionnières, des dizaines de performances interdisciplinaires entre la danse, la musique et le multimédia, des conférences et des films ainsi que trois colloques internationaux. Parallèlement à ces manifestations, un service de médiation propose tout au long de l'année des visites guidées et des ateliers didactiques, notamment à l'intention du jeune public et des familles, ce afin d'élargir et de développer à Genève le débat sur l'art contemporain. Le CAC édite aussi des publications spécialisées en rapport avec ses activités curatoriales. Enfin, celui-ci produit et vend des oeuvres originales, en tirage limité et numéroté, des auteurs qu'il programme.

En outre, le CAC a constitué un fonds documentaire dédié à la création artistique des XXe et XXIe siècles, principalement des arts de 1950 à nos jours. L'ensemble est composé de plusieurs milliers de livres (+8.000), de catalogues d'exposition (+4.000) et de magazines consacrés aux beaux-arts, à l'architecture et, en particulier, à l'art contemporain. A quoi s'ajoutent des centaines de dossiers et de vidéos concernant les artistes ayant exposés au CAC. Une photothèque, regroupant plus de 6.000 photos et diapositives, et diverses archives complètent le tout. Ce matériel informatif est mis à disposition des étudiants et des chercheurs, mais aussi du grand public, sur rendez-vous. A noter qu'un ouvrage*, paru en juin 2017, retrace le parcours singulier de la première Kunsthalle de Suisse romande.

Directeur décrié

Quelque 13.000 personnes visitent l'institution en moyenne chaque année, dont nombre d'élèves du canton. A l'évidence, le CAC n'attire pas les foules, ce malgré sa proximité avec le MAMCO, logé dans la même bâtisse, qui fait lui aisément 40.000 entrées. L'arrivée d'Andrea Bellini à la tête de l'établissement n'a pas permis pour l'instant de renverser sensiblement cette situation. Le CAC souffre toujours d'un déficit d'image. Le manque de professionnalisme du personnel est pointé du doigt par ses contempteurs. Il faut dire que son directeur est critiqué pour ses choix artistiques et, plus largement, son management. Sa communication avec les médias et les usagers, quant à elle, pourrait être améliorée. Bouffi d'orgueil, l'homme, qui tolère peu la contradiction, ne répondrait pas aux courriers de certains journalistes ou citoyens. Pour plus d'un créateur d'ici, le CAC a l'apparence d'un espace de liberté mais il s'agit, en réalité, d'une liberté très contrôlée... par son gourou omnipotent. On lui reproche également de privilégier les deniers publics à la recherche active de fonds privés et de sponsors pour financer le CAC.

Des politiciens jugent, par ailleurs, que le coût d'exploitation de l'institution est onéreux au regard de son rayonnement artistique tant en Suisse qu'au niveau international. Force est de constater que le CAC n'a jamais été distingué pour son action ni beaucoup encensé par ses homologues et les médias spécialisés en quarante-trois ans d’existence. On est loin d'un lieu d'avant-garde et de référence. Etre signalé une fois dans la revue ArtForum n'est pas forcément un indicateur d'excellence. Sa réputation paraît donc surfaite ! Selon eux, les rapports d'activité du centre seraient aussi falsifiés, entre autres le nombre de visiteurs annoncé. Ses détracteurs, les plus virulents, qualifient même le CAC, avec le MAMCO et les galeries d'art du Quartier des Bains, de propagateurs de l'art dégénéré (Entartete Kunst), concept nazi prohibant l'art moderne en faveur d'un art officiel dans le IIIe Reich. La Kunsthalle a reçu du reste des menaces à deux reprises en 2012 et, plus récemment, une exposition a été taguée de croix gammées à l'insu des surveillants.

Bref, le CAC est vilipendé par ceux qui fustigent les dérives créatives et mercantiles de l'art contemporain. La sculpture My bed (1998) de Tracey Emin, la machine à fèces Cloaca (2000) de Wim Delvoye ou bien les Pope Condoms (2007) de Pixel sont des exemples flagrants de ces impostures à prétention artistique que dénoncent, avec raison, certains historiens de l'art comme Christine Sourgins et Aude de Kerros. Dès lors, on ne s'étonne guère qu'une pétition soit lancée à Genève, sous le titre Cessons de financer avec l'argent du peuple le degré zéro de l'art !, par le Cercle Georges Oltramare qui s'attaque aux subsides attribués à l'art contemporain, toutes disciplines confondues. Sont visés non seulement le CAC, le MAMCO et le FMAC mais aussi d'autres associations ou structures du secteur à l'image de Piano Nobile ou de Forde. Près de 1.200 signatures ont été récoltées à cette heure.

Bilan plutôt positif

Ces opposants oublient que le bilan d'Andrea Bellini, à ce stade, n'est pas si négatif qu'ils le prétendent, même si le CAC a de la peine à s'imposer sur la scène culturelle romande. Il faut savoir que la Kunsthalle genevoise était quasi à l'agonie, déconnectée de la cité et des créateurs locaux, sans direction, avec un personnel réduit et en guerre froide avec le MAMCO, avant la venue de l'Italien. En effet, c'est lui qui a relancé la Biennale de l'image en mouvement, créé une résidence pour jeunes artistes, étoffé l'offre d'exposition, ouvert le cinéma Dynamo, multiplié les partenariats avec des institutions soeurs ou encore noué un dialogue fertile avec plusieurs galeries d'art de la place tout en cherchant à donner une identité propre au CAC, autonome et originale. Cette dynamique a contribué à doubler, en cinq ans, la fréquentation publique du CAC qui stagnait jusqu'alors vers 6.000 visiteurs par an. Saluons également l'Association des amis du CAC (AACAC) qui appuie, depuis 1982, l'institution en suscitant une vie sociale autour de ses activités.

Nonobstant quelques griefs, Andrea Bellini conserve toute la confiance de son employeur, le Conseil de Fondation du CAC présidé par Xavier Oberson. Il n'a été question à aucun moment de sa démission, contrairement aux rumeurs qui circulaient. Autrement dit, le CAC est en bonnes mains. Il est vrai, toutefois, que son dirigeant réclame davantage de latitude et de ressources pour son établissement.

Confortables subventions

Le budget de fonctionnement du CAC est financé en grande partie par la Ville de Genève à partir de 1984, ce sous la forme de subventions en espèces et en nature. Elle reconnaît en ce sens la pertinence des activités déployées par l'entité et estime judicieux de soutenir leur existence et leur développement.

La subvention communale s'élevait au début à 54.600 francs par an pour atteindre en 2014 quelque 1,3 million de francs (+2381%), avant d'être réduite à 1.109.800 francs pour les années 2015 à 2017, ce sans compter le prêt de locaux au BAC, dont la valeur locative se monte à presque 380.000 francs. Une subvention du Canton de Genève, soit 40.000 francs, les produits des ventes et des expositions, les apports de sponsors ainsi que les dons réguliers de plusieurs mécènes tels que Bloomberg, la Fondation philanthropique Firmenich ou bien l'AACAC, viennent en complément. En tout, son budget annuel de fonctionnement dépasse les 2 millions de francs.

Entre 2005 et 2014, la Fondation du CAC a conclu deux conventions quadriennales de subventionnement avec le Département de la culture de la Ville de Genève, piloté à l’époque par Patrice Mugny. Celles-ci en fixaient les modalités et étaient accompagnées d’indicateurs qui permettaient une évaluation factuelle des activités et des prestations du CAC, avec en sus un contrôle comptable, pour assurer au mieux la relation entre ladite institution et la Municipalité. Un représentant de la Mairie a siégé en conséquence au Conseil de Fondation du CAC jusqu’à décembre 2015.

Nouvelle convention

Suite à un audit réalisé en 2014, au bilan mitigé, la dotation monétaire de la Ville de Genève au CAC a été révisée à la baisse durant trois ans et, en parallèle, la convention de subventionnement non prorogée en l'état, ce sur la décision de Sami Kanaan, chef du Département de la culture et des sports. Entre-temps, la Ville de Genève a adopté le règlement LC 21-195 et son annexe I (2015) qui régissent désormais les conditions d’octroi des subventions municipales, sans oublier d’autre part, que loi-cadre sur la répartition des tâches entre les communes et le canton en matière culturelle est entrée en vigueur le 1er janvier 2017.

C'est pourquoi une nouvelle convention, plus ambitieuse et exigeante, est en discussion entre les parties concernées. Elle redéfinira le rôle spécifique du CAC en lien avec la scène régionale et les autres institutions subventionnées par la Ville de Genève. Le cahier des charges de son directeur sera revu à cette occasion. Cet accord contractuel, comprenant un plan financier avec les montants des subsides alloués, devrait être signé d'ici octobre 2019 pour la période quadriennale 2020-2023, puis validé lors du vote du budget communal 2020 par le Parlement municipal. On sait déjà que certains élus droitiers (MCG, PLR, UDC) réclameront, au nom des contribuables genevois, une réduction voire la suppression de la contribution pécuniaire de la Ville de Genève au profit du CAC.

Quoi qu'il en soit, Andrea Bellini et le Conseil de Fondation du CAC doivent comprendre que l'argent des citoyens doit être dépensé à bon escient, surtout dans un contexte conjoncturel fragilisé, et que les subventions municipales et cantonales ne sont nullement des rentes à vie pour le CAC, même s'il est reconnu depuis 1994 par le Conseil d'Etat genevois comme une personne morale d'utilité publique. Dans l’hypothèse où des subsides seraient diminués voire retirés à l’institution, cela obligerait Andrea Bellini à quêter les capitaux manquants auprès de bailleurs privés pour pérenniser le CAC. Est-il prêt à relever ce défi sachant que l'Italien a été incapable de le faire lorsqu'il codirigeait, avec Béatrice Merz, le Castello di Rivoli (I) confronté à des coupes budgétaires ? Au demeurant, fournir une programmation artistique et des activités de médiation de qualité au service de publics variés n'est pas uniquement une affaire de gros sous.

Combat perdu d'avance

Rassurons Andrea Bellini ! Il y a fort à parier que les subventions municipales au bénéfice du CAC soient reconduites pour les ans à venir par le plénum de la Ville de Genève. Elles ont même augmenté de 50.000 francs en 2018... alors que la nouvelle convention n'est pas encore signée entre les parties. N'en déplaise au Cercle Georges Oltramare et aux élus réactionnaires qui s'y opposaient. La pétition précitée ne changera rien à l'affaire. Les héritiers de Marcel Duchamp et de Dada continueront, quant à eux, à exhiber leur vacuité et autres Merda d'artista au CAC, grâce essentiellement à nos impôts. La secte, son gourou et ses adeptes ont déjà gagné la bataille.
* Centre d'art contemporain Genève 1974-2017. Ed. par Andrea Bellini. Genève: CAC, 2017. 487 pp. (ISBN 9782970105411)

lundi 1 août 2016

Nouveau drame de l'immigration

MONACO. La police monégasque a appréhendé lundi passé deux individus qui mendiaient près du Casino de Monte-Carlo, activité strictement interdite sur le territoire de la Principauté. Le contrôle d’identité a révélé qu’ils sont syriens et en situation illégale. Il s’agit d’un homme de 26 ans et de son épouse, une mineure âgée de 14 ans !

Sordide révélation

Au commissariat de la Condamine, les policiers les ont soumis à un interrogatoire poussé afin de savoir quand, comment et pourquoi les contrevenants étaient arrivés à Monaco. La jeune fille leur a paru, dès le début de l'audition, très perturbée. Avec l’aide d’un interprète arabe, les enquêteurs ont réussi à établir rapidement certaines certitudes.

Monaco. Port Hercule
Après avoir fui les combats à Alep, les deux Syriens ont quitté leur pays fin juin 2016 pour Bodrum en Turquie. De là, ceux-ci ont atteint par la mer les côtes hellènes, via l’île de Mikonos, grâce à des passeurs contre de l’argent. Sur place à Lavrio, ils n’ont déposé bizarrement aucune demande d’asile. Les deux migrants sont partis ensuite de Grèce, du port de Zea, le 16 juillet dernier sur un yacht de luxe battant pavillon panaméen. Le mari, parlant anglais, a été engagé comme manoeuvre mais sans contrat ni solde. Sa femme a été enfermée, quant à elle, dans une cabine tout au long du voyage marin. Plus grave ! La pubère a servi d’esclave sexuelle, ce avec l’accord de son époux. Celle-ci a été violée à plusieurs reprises, principalement par le capitaine dudit navire. Le conjoint assistait aux ébats forcés et les filmait. En échange de quoi, le commandant a transporté le couple, puis l’a débarqué illicitement, le 24 juillet, lors de son escale à Monaco en déjouant la surveillance portuaire. Les clandestins devaient poursuivre leur trajet en direction de Strasbourg pour gagner finalement l'Allemagne, dans l’espoir d’une vie meilleure.

Plusieurs arrestations

A la suite de ces révélations, le mari indigne a été écroué tandis que l’adolescente, fortement traumatisée par ce qu’elle a enduré durant le périple, a été hospitalisée et mise sous tutelle. Dans la foulée, la police judiciaire a perquisitionné le yacht en question, mouillé dans le port Hercule. Ses agents ont saisi divers documents dont un faux passeport, trois pistolets-mitrailleurs UZI avec leurs munitions, des smartphones, six ordinateurs contenant des vidéos pédopornographiques, réalisées récemment, 500.000 USD en billets et environ 30 grammes de cocaïne. Les cinq membres de l’équipage régulier ainsi que le propriétaire du navire, un riche israélien en villégiature à Monaco pour quelques jours, ont été arrêtés pour être déférés au Parquet général.

Très vite, le propriétaire et le personnel du yacht sont passés aux aveux et ont reconnu, en partie, les faits reprochés. Dès lors, ceux-ci ont été placés en détention provisoire et une information judiciaire a été ouverte par le Ministère public à leur encontre et de l'époux. Un examen médico-légal a démontré, par ailleurs, que la mineure avait bien subi des sévices répétés, en particulier d'ordre sexuel, en dépit qu'elle soit enceinte de trois mois. L'ADN séminal des présumés violeurs a bien été retrouvé dans ses parties génitales.

Enquête approfondie

L’enquête policière n’est de loin pas close. Selon un matelot de l’équipage, d’autres abus sexuels auraient été commis sur ledit bateau avant la présente affaire. Son propriétaire devra aussi se justifier sur l’origine et la destination de l’importante somme d’argent qui a été saisie lors de la perquisition. Est-il mêlé à un trafic de drogues ? On le soupçonne, en sus, de fraude financière à Monaco, ce au vu des papiers compromettants découverts à cette occasion. Le commandant pourrait avoir tiré profit, pour sa part, d’un commerce de pornographie enfantine sur Internet. Bref, nombre de points restent encore à éclaircir...

Pour l’épauler dans la recherche de la vérité, l’instruction monégasque a fait appel à la collaboration de différentes polices étrangères, notamment celles de France et d’Israël, de même qu’à Interpol. En effet, le cas est non seulement grave mais complexe avec de probables ramifications internationales. Plusieurs commissions rogatoires ont ainsi été envoyées. Des fouilles ont eu lieu, par exemple, aux domiciles desdits prévenus dans leur pays respectif. Ces compléments d’enquête pourraient déboucher sur d’autres interpellations.

Pour l’heure, le magistrat du Parquet général, en charge du dossier, se refuse à dévoiler plus de détails aux médias sur cette procédure judiciaire en l’état actuel des investigations. Ni l'identité des coupables ni celle de la victime n’ont été divulguées. Secret de l’instruction oblige ! L'homme de loi ne s'est exprimé publiquement que dans le but d'éviter la propagation de rumeurs, par la presse à scandale, au sujet de cette affaire criminelle.

samedi 14 novembre 2015

Pro libertate présente ses condoléances à la France


PRO LIBERTATE

Genève (CH), le 14 novembre 2015 à 10:35.




A Monsieur François Hollande
    Président de la République française
    Palais de l'Elysée - 55 rue du Faubourg Saint-Honoré
    F-75008 Paris


Monsieur le Président,

Les attaques meurtrières, qui viennent de frapper Paris au coeur, nous révulsent. Ces attentats contre des vies humaines portent atteinte à la démocratie, à la liberté et aux valeurs républicaines.

Tous les membres de Pro libertate partagent le chagrin et l'effroi de la France amie, meurtrie par ces crimes terroristes d'une lâcheté sans nom. Avec respect et une immense émotion, nous nous inclinons devant la mémoire des si nombreuses victimes et la douleur ineffable de leurs familles. Nos pensées rejoignent également toutes les personnes blessées dans leur chair par ces actes barbares. En hommage aux martyrs de ce drame, nos drapeaux sont en berne ce jour et demain.

En mon nom personnel, en celui de ma famille et de Pro libertate, je veux vous assurer de notre profonde et réelle solidarité, en union avec toutes les personnes qui se mobilisent contre le fléau terroriste. Aux côtés de la République française et de son peuple, nous savons qu'il ne l'emportera pas.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République française, l'assurance sincère de ma haute considération.


Franco Maiullari
Président de Pro libertate

lundi 2 novembre 2015

Pro libertate se retire de Syrie


SYRIE. Pro libertate, lors de son Assemblée générale extraordinaire du 28 octobre 2015 à Ottawa (CAN), a décidé à la majorité absolue des voix exprimées (68%) de mettre fin à la mission SyrOper conduite par sa milice en Syrie. L'engagement de cette unité d'élite, gardé secret jusqu'alors, a été révélé récemment par Al-Jazeera et CNN.

Les huit centuries d'infanterie, qui se trouvent actuellement entre Homs, Alep et Palmyre, cesseront leurs activités humanitaire et de combat le 3 novembre prochain à minuit. La troupe se retirera ensuite du pays, par les airs, via l'aérodrome de Hmeimim en direction de Sébastopol en Crimée. Du matériel, dont des armes à feu et des munitions, sera laissé sur place à l'intention de l'armée de Damas. Au total, cette campagne aura coûté à l'organisation internationale quelque 35 millions d'euros, même si la logistique militaire a été assurée, en partie, par les Russes.

Pour rappel, les miliciens de Pro libertate étaient en opération depuis mai 2015, ce aux côtés des soldats de Bachar el-Assad, pour lutter en priorité contre Daech et Jaish al-Fatah. Mais la finalité de Pro libertate était de profiter de cette guerre civile sur fond confessionnel pour s’emparer par les armes d’une petite enclave sur sol syrien, soit au moins 10 km², afin d’y fonder une micro-nation indépendante et souveraine. En effet, cette prétention figure parmi les objectifs de l'ONG dans ses statuts de 2010. L'espace visé se situait idéalement dans une zone tenue par l'Armée syrienne libre (ASL), tout au nord-ouest de la Syrie, si possible avec un débouché sur la Méditerranée à Ras al-Bassit.

Sur le théâtre des opérations, les miliciens de Pro libertate ont tenu les positions assignées en contrant plusieurs attaques djihadistes durant lesquelles des terroristes ont été abattus. En revanche, ceux-ci n'ont pas réussi à faire une avancée territoriale notable sur les régions contrôlées par l’Etat islamique ou l'ASL, ce avant et après les raids aériens russes sur la Syrie. Leur dernière offensive, en soutien à l'armée régulière et au Hezbollah libanais, a été menée en octobre sur les plateaux de Tal Skik, dans la Province d'Idlib, avec succès. Au final, on ne compte ni mort ni blessé grave parmi les paramilitaires de l'ONG. Aucun n’a été fait prisonnier non plus par les ennemis.

Après plusieurs mois d’un combat acharné, il est apparu que les forces et les moyens engagés paraissaient insuffisants, malgré l’appui de blindés et d’hélicoptères syriens, pour réaliser la conquête envisagée dans un délai rapide. Le retrait de Pro libertate en Syrie devenait donc inéluctable ! Cette mission n'est pourtant pas un fiasco puisqu'elle a permis de freiner, dans une certaine mesure, la progression des rebelles dans le nord-ouest du pays et, sur le plan humanitaire, de secourir des civils en danger près des lignes de front. Bien entendu, le projet de micro-nation a été abandonné en ce lieu.

Le Président de Pro libertate, qui s'était opposé à l’implication de l’ONG dans ces hostilités, s'est dit satisfait du vote de la dernière Assemblée générale. Selon lui, la collaboration avec le régime de Bachar el-Assad, présumé auteur de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité, a été une faute morale. Par ailleurs, les principaux donateurs ont renouvelé, à cette occasion, leur confiance en l'association et à son comité. Aucun membre n'a démissionné. Le chef de mission rédigera, quant à lui, dès son retour en Suisse un rapport complet sur l'intervention de la milice en Syrie.

jeudi 28 mai 2015

Des milliers d'ebooks à la BCU de Lausanne

SUISSE. Plus de 8'500 livres numériques à emprunter partout et en quelques clics, c’est la nouvelle offre que la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCUL) propose au public vaudois et suisse dès aujourd'hui. Avec déjà un large choix en français et en anglais, cette collection immatérielle s’étoffera chaque année de quelque 600 ouvrages supplémentaires.
 
On y trouve des romans en tous genres, des nouvelles, des récits, des policiers, de la science-fiction, des thrillers, mais aussi des ouvrages tournés vers les sciences humaines, l’histoire ou l’actualité, tous parus chez de grands éditeurs comme Seuil, Gallimard, Plon, La Découverte, etc. De « Zébrage » (Michel Leiris, 2014) à « Les mille et une gaffes de l’ange gardien Ariel Auvinen » (Aarto Paasilinna, 2015) en passant par « Five nights in Paris » (John Baxter, 2015), chacun pourra satisfaire sa curiosité et trouver ses lectures dans cette vaste bibliothèque virtuelle, sur une plage à l’autre bout du monde ou en déplacement proche de chez soi.
 
Accessibles à tous les lecteurs de la BCUL, ces ouvrages numériques peuvent être empruntés gratuitement pour une durée de 28 jours au maximum, renouvelable. Muni de son numéro de carte lecteur RERO et de son mot passe personnel, il suffit d’un accès Internet et d’un appareil de lecture digitale, comme un smartphone, une tablette ou une liseuse pour les télécharger.
 
Vous trouverez toutes les informations pratiques depuis le site Internet de la BCUL. Pour vous accompagner dans vos premiers téléchargements, des ateliers numériques se tiendront à la BCUL, site Riponne, les lundis 1er, 8, 15, 22 et 29 juin et 6 juillet, de 13h00 à 14h00, ce sans inscription préalable et dans la limite des places disponibles.

Bonne lecture !

mardi 6 mai 2014

Des élèves empêchés de débattre librement sur la Shoah

ETATS-UNIS. Le Rialto Unified School District, un réseau scolaire de la Californie du sud, a suscité la polémique après les révélations dimanche dernier par un journal local, d’un travail de recherche soumis récemment à quelque 2.000 élèves de 8e grade (13-14 ans) du Comté de San Bernardino. La dissertation en cause avait pour thème : «L’Holocauste nazi a-t-il existé ou a-t-il été un outil de propagande utilisé à des fins politiques et pécuniaires ?»

Examen révisionniste

L’objectif du devoir était d'aiguiser le sens critique des collégiens face à un épisode marquant du XXe siècle admis comme vrai depuis le Procès de Nuremberg (20.11.1945-01.10.1946). L’épreuve consistait pour les écoliers à compulser de la documentation sur le sujet via les médiathèques et Internet, puis de l'analyser et, in fine, de justifier leur point de vue en rédigeant un texte dans lequel ils expliquent s'ils croient ou non à l'Holocauste en tant que fait historique avéré. Pour ce faire, les élèves devaient étudier notamment les témoignages d’imposteurs de la Shoah et les thèses révisionnistes comme celles de David Irving, Horst Mahler ou encore Bradley Reed Smith qui mettent en doute, entre autres, la réalité des chambres à gaz ou le nombre de Juifs exterminés par le régime hitlérien. La lecture de The Holocaust Industry (2000) de Norman Finkelstein était aussi recommandée.

Menaces de mort

Suite à la publication dans la presse de ce questionnaire, des associations juives ont porté plainte contre les responsables du réseau scolaire, sommés de s’expliquer sur cette affaire. Par ailleurs, ceux-ci ont dû faire face à de nombreuses menaces de mort. Lundi matin, à la sortie des classes, plusieurs enseignants ont été pris à partie, insultés et molestés par des manifestants juifs. D'aucuns les ont accueillis avec un salut nazi. En conséquence, la police a été obligée d'intervenir et de renforcer la sécurité aux abords de trois établissements scolaires du district, où la situation était fort tendue, afin de protéger les professeurs et leurs élèves ainsi que les bâtiments. Onze chahuteurs ont été expulsés manu militari, trois autres interpellés.

Reculade

Hier après-midi, sous la pression d'une ligue juive, la direction du Rialto Unified School District faisait marche arrière et assurait que toutes les références négationnistes aux camps de concentration nazis durant la Seconde Guerre mondiale seront supprimées du programme scolaire et des bibliothèques. «C’était une grave erreur ! Nous savons tous que l'Holocauste n'est pas un bobard... Nous regrettons profondément la douleur que cela a pu engendrer» a déclaré Syeda Jafri, la porte-parole des collèges du Comté de San Bernardino, tout en s'excusant pour la méprise, ce en signe d’apaisement envers la communauté israélite. Bien entendu, le travail de recherche controversé a été annulé.

Juifs satisfaits

L'Anti-Defamation League (USA) a accueilli cette décision comme une victoire sur le révisionnisme. En effet, l’organisation juive avait protesté avec véhémence contre ce devoir scolaire le qualifiant d'antisémite et sans valeur didactique. Elle souligne que la négation du génocide nazi n’est pas une opinion mais un crime non seulement vis-à-vis du peuple hébreu mais de l’Humanité tout entière. Matthew Friedman, membre de l’ADL, rappelle que personne n’a le droit de remettre en cause la matérialité de ce drame. Et de citer la résolution A/RES/61/255 (26.01.2007) de l'ONU condamnant le déni de l'Holocauste et toute activité menée en ce sens. Après cette fâcheuse affaire, il juge nécessaire que tous les enseignants californiens, qu'ils soient dans le secteur public ou privé, fassent l’objet d’une formation de sensibilisation sur la question au Museum of Tolerance à Los Angeles (USA). Enfin, l’ADL informe qu’elle propose un matériel éducatif sur l'Holocauste sous le titre Echoes and Reflections, réalisé en partenariat avec l'USC Shoah Foundation (USA) et Yad Vashem (ISR), qui est à la disposition gratuite des écoles américaines.

Décision contestée

En revanche, plusieurs parents déplorent cette censure en dénonçant l’ingérence d’une minorité confessionnelle dans le programme pédagogique. Ils estiment que l'école ne doit pas dispenser uniquement des connaissances mais aussi développer chez les élèves leur ouverture d'esprit et leur sens critique, ce peu importe le sujet abordé. Cette dissertation les aurait exercés, notamment, à faire le tri entre les informations fantaisistes et les crédibles, précise une mère. Dans le cas concerné, on a préféré brider la réflexion, au lieu de la susciter, en empêchant ces adolescents d'étudier la Shoah à loisir et de livrer leurs opinions. Pour beaucoup, le recul de l'autorité scolaire est inacceptable dans le pays des libertés où le 1er amendement de la Constitution permet, par exemple, à l'American Nazi Party de promouvoir la haine raciale et de défiler en public avec croix gammées, le cas échéant sous protection policière. Bref, le Rialto Unified School District a fait preuve d'intolérance et de servilité en cédant à un certain lobby, fort de sa mentalité victimaire.

mercredi 23 octobre 2013

La Bibliothèque des CJBG en rénovation

SUISSE. Les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève ont été fondés sous l’élan du botaniste genevois A.-P. De Candolle en 1817 au Parc des Bastions. Déplacés sur leur site actuel en 1904, avec l'érection d'un nouvel écrin au lieu-dit La Console, les CJB ont acquis au fil du temps une stature internationale par leurs riches collections, en particulier celles de la bibliothèque et de l’herbarium totalisant quelque 6 millions d'échantillons.

Une bibliothèque unique

La bibliothèque, modeste à ses débuts en 1824, est devenue au cours du XXe siècle une référence en offrant toute la littérature disponible en botanique systématique et en floristique mondiale depuis l’apparition du livre imprimé. Elle est de facto le complément documentaire inséparable des herbiers de l’institution. Relogée en 1974 dans des locaux neufs à Bot III, sauf sa section de cryptogamie restée avec les herbiers correspondants à La Console, la bibliothèque a été réorganisée et ses collections recotées à cette occasion. Quelque 50’000 monographies, 4’400 périodiques dont 1’509 titres couramment reçus et plusieurs milliers de tirés à part constituent un joyau d’environ 120’000 volumes. A quoi s’ajoutent des centaines de cartes topographiques ou phytogéographiques, des index seminum, des herbiers microfilmés, des CD-Roms, une iconothèque ou encore diverses archives manuscrites, presque 70’000 pièces, parmi lesquelles un précieux fonds épistolaire. L’ensemble occupe plus de 3,5 km linéaires de rayonnages. Les documents y sont rangés d’après la Classification décimale universelle, adaptée pour les besoins, hormis la correspondance historique qui bénéficie d’un ordre propre. La majorité de ceux-ci est cataloguée et indexée dans la base de données bibliographiques RERO, ce depuis l’informatisation de la bibliothèque en 1984. Certaines revues sont même en version électronique. En revanche, aucune publication ancienne n’a été numérisée pour l’heure.

Parmi ses trésors livresques, la bibliothèque possède un bon nombre d’ouvrages prélinnéens des XVIe et XVIIe siècles, ainsi que des in-folio et des in-quarto richement illustrés du XVIIIsiècle, l’âge d’or de la gravure. La plupart sont en latin. Le plus vieux est l’incunable Herbarius Patavie (1485) rehaussé de xylographies. On notera, pour le siècle des lumières, les travaux du botaniste N.J. Jacquin avec ses estampes d’une précision remarquable. Citons pour le XIXe siècle la Flora Graeca (1806-1840) de J. Sibthorp et J.E. Smith, œuvre rarissime parce que de grande facture et parue en 30 exemplaires seulement. Une autre curiosité bibliophilique est La Botanique (1805) de J.-J. Rousseau, imagé par le fameux peintre de fleurs P.J. Redouté. Dans la section des périodiques, c’est le Curtis’s Botanical Magazine, si précieux à cause de ses diagnoses et de ses planches, qui aligne ses fascicules depuis sa création en 1793 jusqu’à nos jours, sans un hiatus. Quant aux archives, on évoquera le manuscrit du Prodomus systematis naturalis regni vegetabilis initié par A.-P. De Candolle, traité botanique édité entre 1824 et 1873 où sont récensés et décrits près de 59’000 phanérogames dont moult espèces nouvelles.

Bibliothèque publique et de recherche scientifique, sa mission est de conserver, d’enrichir et de valoriser ce patrimoine savant qui doit être aussi exhaustif que possible dans l’espace et le temps. La Ville de Genève, dépositaire de ces richesses, permet par des crédits réguliers de la maintenir à jour. Elle est ainsi une des rares bibliothèques botaniques où le travail de nomenclature, quasi juridique, peut être entrepris sans aucune difficulté par les systématiciens du règne végétal. En effet, parallèlement aux herbiers, les botanistes s’y réfèrent pour la rédaction de flores ou de révisions systématiques. Enfin, la bibliothèque peut être associée à des programmes plurinationaux tels que le Med-Checklist ou encore le Linnaeus Link Project 
.

Des travaux indispensables

CJBG. Bot II-III
CJBG. Bâtiment Bot II-III
Depuis plusieurs années, la bibliothèque manque de place, tant à BOT III qu’à La Console, pour abriter ce patrimoine documentaire exceptionnel et assurer son développement. En sus, les conditions matérielles de conservation ne sont pas optimales, surtout à Bot III, pour préserver durablement le papier et les reliures selon les normes muséologiques édictées par l’IFLA, l’UNESCO et l’ISO concernant les biens culturels. Et pour cause ! L’immeuble Bot II-III en particulier, réalisé au début des années 70 par les architectes J.-M. Lamunière et A. Ritter, est une construction modulaire en préfabriqués métalliques avec des façades en vitrage qui n’est pas idéale pour héberger une bibliothèque de cette valeur. L’ouvrage a, par ailleurs, mal vieilli malgré des travaux d’entretien exécutés en 2004. On relève notamment de graves problèmes d’infiltration d’eau, de ventilation et de conditions climatiques, trop chaudes en été et trop sèches en hiver, qui sont préjudiciables autant pour les imprimés que les archives historiques. Sans parler que le bilan énergétique du bâtiment est calamiteux… en l’absence d’isolation thermique. Cette situation critique a précipité la dégradation de certains écrits fragiles.

Il était donc impératif de planifier non seulement un agrandissement des locaux de la bibliothèque, à Bot III comme à La Console, mais aussi d’effectuer une rénovation totale des bâtis existants en respectant leur architecture originelle, afin de les moderniser et de mettre en conformité les installations techniques et de sécurité. Cette intervention s’inscrit dans le projet global de restructuration des CJB, décidée par sa direction et le Conseil municipal de la Ville de Genève. A savoir :

  • construction de Bot V (locaux pour l’herbier, cabinet de curiosités, boutique, restaurant, WC publics)
  • restauration du bâtiment La Console (1904-1924)
  • rénovation et réaménagement de l’édifice Bot II-III (1969-1974)
  • achat de divers mobiliers et matériels d'exploitation pour les lieux précités.

Ledit programme est financé par un fonds de 30’000’000 CHF issu de la donation Roger et Françoise Varenne à la Ville de Genève en 2008 ainsi que deux crédits d’investissement complémentaires de 5’767’000 CHF et 735’500 CHF votés en 2012 par les élus.

Démarrée en janvier 2010, l’étape Bot V a été achevée courant juin 2012. Trois pavillons d’accueil au public ont vu le jour, en plein cœur du jardin, en même temps que l’extension souterraine de l’herbier de phanérogamie à côté de Bot II. Ce dernier a gagné pas moins de 18 km de rayonnages pour ses échantillons tandis que la bibliothèque a récupéré trois salles de stockage au sous-sol de Bot III. La restauration de La Console, où se situe l’unité cryptogamique de la bibliothèque, est en cours de réalisation par Architech S.A. jusqu’en septembre 2014.

La réfection des pavillons Bot II-III commencera, quant à elle, au début de l’an prochain sous la direction de l'architecte Christian Dupraz. Ceux-ci seront entièrement désossés. Les façades, constituant 80% du complexe, seront remplacées par un vitrage multicouche de 71 mm, très isolant. Les porteurs métalliques seront sablés, traités et repeints. La toiture plate verra son étanchéité refaite. Un système de ventilation à double flux sera posé. L'ensemble sera raccordé à la chaufferie centrale des CJB, alimentée par des énergies renouvelables (biogaz, bois, solaire). D’autres modifications seront apportées notamment pour réduire la consommation d’électricité et d’eau. Des accès pour les personnes à mobilité réduite seront également créés. En sus, la modernisation de Bot II-III permettra d’étendre la bibliothèque de quelque 500 m² (SS+0) tout en améliorant sa fonctionnalité, grâce à un remaniement de l’espace intérieur. Sur le plan sécuritaire, des portes blindées et une enceinte en verre pare-feu seront montées tandis que le système d'alarme sera repensé. Les assurances de la Ville de Genève n'ont, néanmoins, pas exigé l'implantation d'une vidéosurveillance.

Fermeture partielle

Pour ce faire, les collections de la bibliothèque à Bot III devront être déménagées provisoirement au troisième sous-sol de Bot V, en raison de l’ampleur du chantier. Celles-ci seront inaccessibles aux utilisateurs durant cette opération qui se tiendra du 11 novembre à la fin décembre 2013. Près de 280 tonnes de publications seront ainsi déplacées. A cette occasion, un tri aura lieu afin d’éliminer les titres à double ou non botaniques et de retrouver certains volumes censés avoir disparu. Puis, dès janvier 2014, les fonds documentaires seront rouverts en priorité aux chercheurs et aux étudiants des CJB, aux botanistes travaillant sur les herbiers et aux naturalistes externes, sur rendez-vous, afin de leur permettre de compulser la littérature nécessaire à leurs travaux. Le centre continuera d’assurer, bien entendu, le service du prêt entre bibliothèques.

Par contre, le grand public ne pourra plus consulter normalement la bibliothèque ni obtenir certains ouvrages à partir du 11 novembre 2013, ce pour une période d’environ deux ans. Tout lecteur devra désormais annoncer sa visite au moins 24 heures à l’avance par un message à l’adresse biblio.cjb@ville-ge.ch en indiquant le titre et le numéro RERO de chaque livre ou revue qu’il souhaite emprunter. Aucun autre document, principalement ceux qui ne sont pas fichés dans le catalogue RERO, ne lui sera fourni sur place.

Réouverture

La réouverture complète de la bibliothèque des CJB est prévue pour le mois d'avril 2016. Parmi les nouveautés organisationnelles, un fonds de livres de vulgarisation en botanique et en jardinage sera proposé en libre-accès, au rez-de-chaussée dans une zone publique de 155 m² avec plusieurs places de consultation, et où des vitrines d’exposition offriront la possibilité de mettre en lumière les trésors de celle-ci. La collection des périodiques sera casée dans des compactus au sous-sol, libérant de l’espace pour les monographies qui occuperont dorénavant une large partie du rez-de-chaussée, en plus du premier étage de BOT III. Les archives disposeront, elles, d’une chambre-forte plus vaste et d'un mobilier idoine. Enfin, les bureaux des employés seront déplacés.

Au final, la bibliothèque centrale à Bot III et son annexe à La Console auront assez de capacité de rangement, avec 2'257 m² de surface et 3 km de rayonnages additionnels, pour contenir leurs collections pour les trente ans à venir. De surcroît, la conservation et la préservation de leurs fonds, l'accueil du public et les conditions de travail du personnel seront notablement améliorés. La bibliothèque ne pourra que mieux remplir ses missions tout en relevant les défis du futur avec la numérisation globale des savoirs.

Bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques
Ch. de l'Impératrice 1 / Rte de Lausanne 192
CH-1292 Chambésy - Genève
Tél. +41 (0)22 4185200

mercredi 15 septembre 2010

Pervers à la Ville de Genève

SUISSE. Un collaborateur de la Bibliothèque de Genève (BGE) a été libéré avec effet immédiat de l'obligation de travailler pour motifs graves. Le bibliothécaire* concerné est accusé de consultation, téléchargement et possession de matériel pornographique infantile via son ordinateur de bureau. Il a reconnu sa culpabilité. Outre sa révocation déjà prévue par la Ville de Genève, l'individu a été inculpé jeudi dernier par la juge Josepha Chevallaz en charge du dossier pénal. Une expertise psychiatrique a été ordonnée, par ailleurs, à son encontre. Le pervers encourt, aux termes de l'article 197 al. 3bis du Code pénal suisse, d'une peine de prison d'un an au plus ou d'une peine pécuniaire.

Un précédent

Ce n'est pas le premier cas déclaré au Département de la culture de la Ville de Genève, dirigé par l'écologiste Patrice Mugny depuis deux législatures. En été 2003, une affaire similaire avait révélé qu'un fonctionnaire* regardait souvent des sites Internet pédophiles sur son PC aux Conservatoire et Jardin botaniques (CJBG). Ce cadre entretenait, en outre, une relation amoureuse avec un adolescent de 14 ans.

Le pédéraste, un père de famille juif, avait sévi en toute impunité pendant des années bien que son chef de service ait été alerté par le responsable informatique de l'institution des comportements illicites de l'employé. Finalement le pot aux roses avait été éventé par une subalterne*. Le Conseil administratif de l'époque, au courant des faits, avait tardé à réagir. Pire ! L'organe avait laissé le fautif à son poste durant encore trois mois. Une Commission extraordinaire**, menée par le magistrat précité, avait tenté d'abord d'étouffer le scandale en exigeant le 26 novembre 2003 la démission dudit cadre. En échange, celui-ci n'était pas cafardé à la justice, ce en totale infraction avec la loi. L'homme, contre toute attente, avait refusé la proposition. Dès lors, l'Exécutif avait été forcé de le dénoncer au Parquet, puis de le limoger en février 2004. Le mis en cause avait alors contesté les faits et son licenciement en justice. Patrice Mugny, embarrassé par cette histoire, avait recouru à Me Lorella Bertani, épaulée par le Service juridique de la Commune, pour représenter et défendre la Ville de Genève. Le dossier avait abouti devant le Tribunal Fédéral et coûté plusieurs milliers de francs en enquêtes administrative et judiciaire ainsi qu'en frais d'avocats et de magistrature aux contribuables. Condamné à 3 mois de prison avec sursis en janvier 2005, l’ex-fonctionnaire avait obtenu en revanche une rente pour ses 25 ans de bons et loyaux services. Pour les juges du TF, sa nomination à une fonction dirigeante, alors même que ses agissements étaient connus de ses supérieurs et, leur absence de remarques à ce sujet, diminuaient d'autant la gravité des fautes retenues à son encontre. Bien que blâmés, ni Patrice Mugny ni le directeur des CJBG n'ont été sanctionnés pour leur négligence. La Municipalité, elle, s'était vu dénier des dommages-intérêts et le remboursement de ses débours. Précisons que le pédéraste n'a pas été poursuivi pour son amor platonicus avec son giton. Le personnage a été interrogé peu après par la police au sujet du cambriolage commis le 24 novembre 2002 au Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie (MHE). Son implication sera confirmée en octobre 2008 peu avant son décès.

Des mesures tardives

Au cours de cette affaire pédosexuelle, le Conseil administratif de la Ville de Genève a édicté dans l'urgence en octobre 2003 une Directive relative à l’utilisation des systèmes d’information et de communication (SIC). Ce document prescrit que l'utilisateur de ces ressources télématiques doit adopter un comportement irréprochable, notamment en protégeant les principes et les valeurs conformes aux intérêts et à l'image de la Ville de Genève. Chaque fonctionnaire a dû signer un engagement à respecter ce règlement. Pourquoi cette précipitation ? L'avocat du pédophile avait accusé la Ville de Genève de violer l'article 26 de l'Ordonnance 3 relative à la Loi fédérale sur le travail en utilisant un système de contrôle électronique pour surveiller les activités des fonctionnaires sur leur PC professionnel, ce à leur insu et sans leur accord préalable.

Un contrôle défaillant

Comment expliquer ce nouveau scandale cyberpédophile au sein de l'Administration communale ? L'évènement révèle que le système de filtrage des accès au Web mis en place en janvier 2004 pour la Ville de Genève, ses institutions et son Wi-Fi public, présente des faiblesses ou est mal configuré. Il appert que l’agent de la BGE a pu oeuvrer sur une longue période sans que le dispositif détecte ses manœuvres criminelles. La DSIC, en charge de ce contrôle, avoue que les logiciels utilisés pour le faire, soit WebFilter (WebSense) et SmartFilter (McAfee), ne sont pas infaillibles et qu’un classement erroné des sites Internet à proscrire, sur la base de mots-clés, reste toujours possible... autorisant par là même le visionnement de sources répréhensibles. Pour autant, la Municipalité ne doit pas être comptable des actes délictueux perpétrés avec ses outils informatiques.

Relevons au passage que ce système de filtrage constitue une arme de censure aux mains du Pouvoir exécutif qui en abuse. Ce dernier peut ordonner, à tout moment, à la DSIC de bloquer certaines pages Web. Parmi les victimes, on note des partis politiques, des historiens ou encore des penseurs de la Nouvelle Droite. Pour Pro libertate, cette pratique bafoue la liberté d'expression et le droit à l'information du citoyen. L'organisation a dû ainsi intervenir plusieurs fois auprès de la Mairie pour faire lever des interdictions.

Action Innocence en colère

Autre constat dans ces deux affaires : les coupables étaient membres d'Action Innocence. Pour mémoire, cette association, fondée en 1999, accomplit un travail de prévention dans les écoles et auprès des parents afin de préserver la dignité et l’intégrité des mineurs sur Internet. Depuis 2006, l'ONG agit en collaboration avec l'Office fédéral de la police (FedPol), spécialement le SCOCI, pour lutter contre la pédocriminalité qui progresse en Suisse.

Bien entendu, Action Innocence a exclu illico ces deux sociétaires de ses rangs dès qu'elle a eu connaissance des faits présumés par la police judiciaire genevoise. L'entité espère cette fois-ci que la Ville de Genève en tire les leçons et fasse tout le nécessaire pour qu'une telle situation ne se reproduise plus à l'avenir dans son administration. La Municipalité a fait preuve de laxisme dans ces deux cas, voire de complicité passive dans le premier ! L'association demande également à la justice de condamner avec la plus grande fermeté le fonctionnaire incriminé de la BGE car, rappelle-t-elle, derrière chaque image pédophile il y a un enfant qui a été maltraité et abusé. D'aucuns en gardent des séquelles durant toute leur vie. C'est pourquoi la société doit tout faire pour les protéger contre ces prédateurs sexuels. N'oublions pas que la pédophilie, tant masculine que féminine, est un trouble paraphilique qui ne se soigne guère. Cette orientation érotique est aussi immuable que l'homosexualité. Près de 30.000 adultes seraient concernés en Suisse, selon Dis No.

* Noms connus de la rédaction

** Il existe un enregistrement sonore de cette réunion, réalisé clandestinement. En revanche, aucun PV n'a été rédigé afin de ne laisser aucune trace écrite de la proposition du magistrat dans les archives municipales

mercredi 7 mai 2008

Entre-deux pour pièce en mal de séparation

SUISSE. B-Plan, enseigne genevoise spécialisée dans l’architecture d’intérieur et l’ameublement contemporain, accueille dans ses locaux jusqu’au 30 juin 2008 sous le titre «Entre-Deux» les travaux réalisés par les étudiants de l’Ecole des arts appliqués de Genève (EAA) dans le cadre d’un workshop interdisciplinaire sur le thème «De la séparation d’espace au paravent».

Pour rappel, l’EAA forme aujourd’hui plus de cinq cents élèves, tous degrés confondus, dans des métiers aussi divers que la bijouterie, la céramique, la conception multimédia, la création de vêtements, le dessin d’intérieur, le graphisme et le design 2D/3D. En complément à l’enseignement donné, l’école conduit aussi de nombreux projets avec des entreprises, des collectivités ou des artistes confirmés afin d’offrir des expériences concrètes à ses apprenants. L’exposition concernée est un exemple de ces partenariats, puisqu’elle est le fruit d’une collaboration avec la manufacture belge BULO, l'un des leaders mondiaux du mobilier de bureaux, fondée par Walter Busschop en 1963.

Après avoir visité les ateliers dudit fabricant, sis à Malines, et rencontré ses acteurs, les étudiants des filières de design 3D, d'architecture intérieure et de stylisme ont réfléchi sur la problématique de la «paroi mobile» dans l’habitat actuel tout en retraçant l’histoire du paravent et son rôle à la fois architectural, fonctionnel, décoratif et social à travers les civilisations, notamment dans la tradition chinoise où les plus anciens exemplaires connus, véritables œuvres d’art, datent de quelque 2000 ans. Ensuite, chacun a laissé libre cours à son imagination pour nous livrer sa vision personnelle de ce meuble usuel, ce avec un esprit résolument moderne et inventif. Les stylistes se sont consacrés, quant à eux, spécialement à la recherche de matières pour habiller les créations de leurs camarades.

Les solutions proposées sont originales et esthétiques, parfois empreintes d’une certaine poésie. Toutes offrent des possibilités intelligentes d’organiser l’espace, autant dans un local professionnel ou communautaire que dans un habitat privé, en y délimitant des zones spécifiques ou individuelles selon nos besoins et envies du moment. Parmi les ouvrages présentés, on appréciera en particulier le concept «Fil rouge» de Loric MAIULLARI et celui de Viviana LEPORI intitulé «Pour sieste». En effet, ces jeunes designers, doués d’un talent certain, ont créé des modules nomades qui servent non seulement d’éléments séparateurs à l’intérieur d’une pièce mais également d’aires de repos conviviales à leurs utilisateurs. Un dessin sobre, tout en courbes élégantes et sensuelles, confère à ces deux ensembles une plastique remarquable.

Au-delà de l’aventure humaine, ce workshop a permis aux étudiants d’aborder la réalité du monde industriel lié à leurs domaines d’activité respectifs et de mettre en exergue leur créativité tout comme leurs compétences et savoir-faire. La plupart des participants achèveront leur cursus scolaire et obtiendront leur diplôme fédéral (CFC/MPA) au mois de juillet 2008.

B-Plan S.A.
Chemin J. Philibert-de-Sauvage 37
CH-1219 Châtelaine (GE)
Tél. ++41.(0)22.970.1250