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mercredi 23 octobre 2013

La Bibliothèque des CJBG en rénovation

SUISSE. Les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève ont été fondés sous l’élan du botaniste genevois A.-P. De Candolle en 1817 au Parc des Bastions. Déplacés sur leur site actuel en 1904, avec l'érection d'un nouvel écrin au lieu-dit La Console, les CJB ont acquis au fil du temps une stature internationale par leurs riches collections, en particulier celles de la bibliothèque et de l’herbarium totalisant quelque 6 millions d'échantillons.

Une bibliothèque unique

La bibliothèque, modeste à ses débuts en 1824, est devenue au cours du XXe siècle une référence en offrant toute la littérature disponible en botanique systématique et en floristique mondiale depuis l’apparition du livre imprimé. Elle est de facto le complément documentaire inséparable des herbiers de l’institution. Relogée en 1974 dans des locaux neufs à Bot III, sauf sa section de cryptogamie restée avec les herbiers correspondants à La Console, la bibliothèque a été réorganisée et ses collections recotées à cette occasion. Quelque 50’000 monographies, 4’400 périodiques dont 1’509 titres couramment reçus et plusieurs milliers de tirés à part constituent un joyau d’environ 120’000 volumes. A quoi s’ajoutent des centaines de cartes topographiques ou phytogéographiques, des index seminum, des herbiers microfilmés, des CD-Roms, une iconothèque ou encore diverses archives manuscrites, presque 70’000 pièces, parmi lesquelles un précieux fonds épistolaire. L’ensemble occupe plus de 3,5 km linéaires de rayonnages. Les documents y sont rangés d’après la Classification décimale universelle, adaptée pour les besoins, hormis la correspondance historique qui bénéficie d’un ordre propre. La majorité de ceux-ci est cataloguée et indexée dans la base de données bibliographiques RERO, ce depuis l’informatisation de la bibliothèque en 1984. Certaines revues sont même en version électronique. En revanche, aucune publication ancienne n’a été numérisée pour l’heure.

Parmi ses trésors livresques, la bibliothèque possède un bon nombre d’ouvrages prélinnéens des XVIe et XVIIe siècles, ainsi que des in-folio et des in-quarto richement illustrés du XVIIIsiècle, l’âge d’or de la gravure. La plupart sont en latin. Le plus vieux est l’incunable Herbarius Patavie (1485) rehaussé de xylographies. On notera, pour le siècle des lumières, les travaux du botaniste N.J. Jacquin avec ses estampes d’une précision remarquable. Citons pour le XIXe siècle la Flora Graeca (1806-1840) de J. Sibthorp et J.E. Smith, œuvre rarissime parce que de grande facture et parue en 30 exemplaires seulement. Une autre curiosité bibliophilique est La Botanique (1805) de J.-J. Rousseau, imagé par le fameux peintre de fleurs P.J. Redouté. Dans la section des périodiques, c’est le Curtis’s Botanical Magazine, si précieux à cause de ses diagnoses et de ses planches, qui aligne ses fascicules depuis sa création en 1793 jusqu’à nos jours, sans un hiatus. Quant aux archives, on évoquera le manuscrit du Prodomus systematis naturalis regni vegetabilis initié par A.-P. De Candolle, traité botanique édité entre 1824 et 1873 où sont récensés et décrits près de 59’000 phanérogames dont moult espèces nouvelles.

Bibliothèque publique et de recherche scientifique, sa mission est de conserver, d’enrichir et de valoriser ce patrimoine savant qui doit être aussi exhaustif que possible dans l’espace et le temps. La Ville de Genève, dépositaire de ces richesses, permet par des crédits réguliers de la maintenir à jour. Elle est ainsi une des rares bibliothèques botaniques où le travail de nomenclature, quasi juridique, peut être entrepris sans aucune difficulté par les systématiciens du règne végétal. En effet, parallèlement aux herbiers, les botanistes s’y réfèrent pour la rédaction de flores ou de révisions systématiques. Enfin, la bibliothèque peut être associée à des programmes plurinationaux tels que le Med-Checklist ou encore le Linnaeus Link Project 
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Des travaux indispensables

CJBG. Bot II-III
CJBG. Bâtiment Bot II-III
Depuis plusieurs années, la bibliothèque manque de place, tant à BOT III qu’à La Console, pour abriter ce patrimoine documentaire exceptionnel et assurer son développement. En sus, les conditions matérielles de conservation ne sont pas optimales, surtout à Bot III, pour préserver durablement le papier et les reliures selon les normes muséologiques édictées par l’IFLA, l’UNESCO et l’ISO concernant les biens culturels. Et pour cause ! L’immeuble Bot II-III en particulier, réalisé au début des années 70 par les architectes J.-M. Lamunière et A. Ritter, est une construction modulaire en préfabriqués métalliques avec des façades en vitrage qui n’est pas idéale pour héberger une bibliothèque de cette valeur. L’ouvrage a, par ailleurs, mal vieilli malgré des travaux d’entretien exécutés en 2004. On relève notamment de graves problèmes d’infiltration d’eau, de ventilation et de conditions climatiques, trop chaudes en été et trop sèches en hiver, qui sont préjudiciables autant pour les imprimés que les archives historiques. Sans parler que le bilan énergétique du bâtiment est calamiteux… en l’absence d’isolation thermique. Cette situation critique a précipité la dégradation de certains écrits fragiles.

Il était donc impératif de planifier non seulement un agrandissement des locaux de la bibliothèque, à Bot III comme à La Console, mais aussi d’effectuer une rénovation totale des bâtis existants en respectant leur architecture originelle, afin de les moderniser et de mettre en conformité les installations techniques et de sécurité. Cette intervention s’inscrit dans le projet global de restructuration des CJB, décidée par sa direction et le Conseil municipal de la Ville de Genève. A savoir :

  • construction de Bot V (locaux pour l’herbier, cabinet de curiosités, boutique, restaurant, WC publics)
  • restauration du bâtiment La Console (1904-1924)
  • rénovation et réaménagement de l’édifice Bot II-III (1969-1974)
  • achat de divers mobiliers et matériels d'exploitation pour les lieux précités.

Ledit programme est financé par un fonds de 30’000’000 CHF issu de la donation Roger et Françoise Varenne à la Ville de Genève en 2008 ainsi que deux crédits d’investissement complémentaires de 5’767’000 CHF et 735’500 CHF votés en 2012 par les élus.

Démarrée en janvier 2010, l’étape Bot V a été achevée courant juin 2012. Trois pavillons d’accueil au public ont vu le jour, en plein cœur du jardin, en même temps que l’extension souterraine de l’herbier de phanérogamie à côté de Bot II. Ce dernier a gagné pas moins de 18 km de rayonnages pour ses échantillons tandis que la bibliothèque a récupéré trois salles de stockage au sous-sol de Bot III. La restauration de La Console, où se situe l’unité cryptogamique de la bibliothèque, est en cours de réalisation par Architech S.A. jusqu’en septembre 2014.

La réfection des pavillons Bot II-III commencera, quant à elle, au début de l’an prochain sous la direction de l'architecte Christian Dupraz. Ceux-ci seront entièrement désossés. Les façades, constituant 80% du complexe, seront remplacées par un vitrage multicouche de 71 mm, très isolant. Les porteurs métalliques seront sablés, traités et repeints. La toiture plate verra son étanchéité refaite. Un système de ventilation à double flux sera posé. L'ensemble sera raccordé à la chaufferie centrale des CJB, alimentée par des énergies renouvelables (biogaz, bois, solaire). D’autres modifications seront apportées notamment pour réduire la consommation d’électricité et d’eau. Des accès pour les personnes à mobilité réduite seront également créés. En sus, la modernisation de Bot II-III permettra d’étendre la bibliothèque de quelque 500 m² (SS+0) tout en améliorant sa fonctionnalité, grâce à un remaniement de l’espace intérieur. Sur le plan sécuritaire, des portes blindées et une enceinte en verre pare-feu seront montées tandis que le système d'alarme sera repensé. Les assurances de la Ville de Genève n'ont, néanmoins, pas exigé l'implantation d'une vidéosurveillance.

Fermeture partielle

Pour ce faire, les collections de la bibliothèque à Bot III devront être déménagées provisoirement au troisième sous-sol de Bot V, en raison de l’ampleur du chantier. Celles-ci seront inaccessibles aux utilisateurs durant cette opération qui se tiendra du 11 novembre à la fin décembre 2013. Près de 280 tonnes de publications seront ainsi déplacées. A cette occasion, un tri aura lieu afin d’éliminer les titres à double ou non botaniques et de retrouver certains volumes censés avoir disparu. Puis, dès janvier 2014, les fonds documentaires seront rouverts en priorité aux chercheurs et aux étudiants des CJB, aux botanistes travaillant sur les herbiers et aux naturalistes externes, sur rendez-vous, afin de leur permettre de compulser la littérature nécessaire à leurs travaux. Le centre continuera d’assurer, bien entendu, le service du prêt entre bibliothèques.

Par contre, le grand public ne pourra plus consulter normalement la bibliothèque ni obtenir certains ouvrages à partir du 11 novembre 2013, ce pour une période d’environ deux ans. Tout lecteur devra désormais annoncer sa visite au moins 24 heures à l’avance par un message à l’adresse biblio.cjb@ville-ge.ch en indiquant le titre et le numéro RERO de chaque livre ou revue qu’il souhaite emprunter. Aucun autre document, principalement ceux qui ne sont pas fichés dans le catalogue RERO, ne lui sera fourni sur place.

Réouverture

La réouverture complète de la bibliothèque des CJB est prévue pour le mois d'avril 2016. Parmi les nouveautés organisationnelles, un fonds de livres de vulgarisation en botanique et en jardinage sera proposé en libre-accès, au rez-de-chaussée dans une zone publique de 155 m² avec plusieurs places de consultation, et où des vitrines d’exposition offriront la possibilité de mettre en lumière les trésors de celle-ci. La collection des périodiques sera casée dans des compactus au sous-sol, libérant de l’espace pour les monographies qui occuperont dorénavant une large partie du rez-de-chaussée, en plus du premier étage de BOT III. Les archives disposeront, elles, d’une chambre-forte plus vaste et d'un mobilier idoine. Enfin, les bureaux des employés seront déplacés.

Au final, la bibliothèque centrale à Bot III et son annexe à La Console auront assez de capacité de rangement, avec 2'257 m² de surface et 3 km de rayonnages additionnels, pour contenir leurs collections pour les trente ans à venir. De surcroît, la conservation et la préservation de leurs fonds, l'accueil du public et les conditions de travail du personnel seront notablement améliorés. La bibliothèque ne pourra que mieux remplir ses missions tout en relevant les défis du futur avec la numérisation globale des savoirs.

Bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques
Ch. de l'Impératrice 1 / Rte de Lausanne 192
CH-1292 Chambésy - Genève
Tél. +41 (0)22 4185200