vendredi 7 juin 2024
L’extrême-droite au Kesher Day 2024
mercredi 6 septembre 2023
Croix gammées à Genève
SUISSE. Ces récents jours, des swastikas ont été tagués un peu partout en Ville de Genève. Une centaine en tout. Ni synagogues ni écoles israélites n'ont été ciblées. Parmi les lieux touchés, les quartiers de Champel, de Plainpalais et de la Servette. Cette action n’a guère soulevé l’indignation générale. La commune a déposé plainte en justice pour dommages à la propriété.
Ce vandalisme politique, après appropriation des Ready-Made en cause, a été revendiqué par le Cercle Georges Oltramare (CH). Un acte, purement incorporel, exempt de mobile antisémite. Ce club de réflexion néofasciste, fondé en mai 2007, s’oppose à la proscription de ce symbole de paix millénaire, vénéré par quelque deux milliards de gens dans le monde, notamment les Bouddhistes, les Hindouistes ou encore les Jaïns.
Votation populaire
Il faut savoir que les Genevois voteront en 2024 sur une loi constitutionnelle qui interdira l’exhibition ou le port de symboles, d’emblèmes et de tout autre objet de haine dans les espaces publics du Canton de Genève. Une loi nationale en la matière tardant à venir. La croix gammée est évidemment visée par la mesure en raison de son utilisation pervertie par les Nazis au XXe siècle. Pour beaucoup, en Occident, ce signe renvoie au racisme, à la xénophobie et à l'antisémitisme avec la Shoah. Ils ignorent souvent les multiples variantes et la polysémie du swastika, surtout ses sens spirituels et religieux. Le député Thomas Bläsi (UDC), appuyé par la CICAD, est à la source de cet article législatif. Le projet a été approuvé le 23 juin dernier par le Grand Conseil, à l'exception d'un parlementaire.
Campagne pour le refus
C’est pourquoi le Cercle Georges Oltramare fera campagne l’an prochain contre ladite loi afin de sensibiliser la population sur l'histoire et les diverses significations de cette figure universelle, patrimoine de l'Humanité. Il s'agira aussi d'expliquer l'inutilité et la difficulté d'application de cette lex ferenda, voire qu'elle est contraire à la Constitution fédérale. D'abord, une conférence sur le sujet sera donnée à son siège social, à Cologny (GE), et sur YouTube par Alex Embroissi en avril 2024, puis, des stands d'information seront dressés, l'un à la Place du Molard, l'autre vers la Gare Cornavin, durant deux samedis en mai. Ses membres arboreront un badge orné d'une croix gammée lors de ces événements. Des tracts seront, par ailleurs, distribués aux citoyens afin de les convaincre de rejeter cette loi. Cette croisade s'achèvera avec la publication de swastikas artistiques dans un journal local et sur Instagram, 10 jours avant la votation.
La prohibition de symboles, quels qu'ils soient, serait par nature une restriction de la liberté d’expression qui irait à l'encontre de notre Constitution nationale. Selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, il est essentiel, dans une démocratie, que même les points de vue qui fâchent la majorité ou qui sont choquants pour d'aucuns puissent s’exprimer (ATF 143 IV 193 C1). Afficher ses convictions personnelles au vu et au su de tous, par un emblème, doit rester possible dans notre pays, peu importe que ce soit via une croix gammée, un pentagramme satanique ou tout autre attribut, cela sans intention de propagande ni atteinte à la paix publique. Ne soyons pas dupes, proscrire certains logos censés haineux, tels que le Swastika, ne contribuera pas à enrayer racisme et violence.
Rappelons enfin, que chaque année depuis 2009, le Mouvement raëlien, dont le logo mêle le swastika à l’Etoile de David, organise le World Swastika Rehabilitation Day dans plusieurs cités à travers le globe. Même des Juifs suisses y participent !
samedi 6 juin 2020
White lives matter !
Nouveau symbole

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vendredi 30 mars 2018
Fronde contre le CAC de Genève
Le Centre d'art contemporain de Genève a été fondé en 1974, à l'initiative d'Adelina von Fürstenberg, et s'est constitué en association sans but lucratif en 1981, avant de devenir une fondation de droit privé en 2010. Situé dans le Quartier des Bains depuis 1989, le CAC siège au BAC, bâtiment industriel qu'il partage avec le MAMCO, le FMAC et le Centre de la photographie. L'institution y dispose d'une surface d'exposition d'environ 1.000 m² sur deux étages, et d'autre part d'un cinéma, d'une résidence d'artistes, d'un Project Space et d'une librairie sur un étage distinct. Nommé en septembre 2012, l'Italien Andrea Bellini (1971), historien et critique d'art, en est l'actuel directeur.
Le CAC offre aux artistes un espace voué à la création et, aux gens intéressés, un point de rencontre et de découverte. Son objectif est de faciliter, dans la mesure de ses moyens, la production de nouvelles oeuvres sans pour autant pratiquer de politique d'acquisition. C'est un médiateur entre le public et l'art contemporain en faisant connaître des artistes suisses et étrangers émergents ou qui tiennent une place majeure dans ce domaine. Ceux-ci sont invités à y concevoir des travaux novateurs et à les montrer. Maurizio Cattelan, Joseph Beuys, Olivier Mosset, Pipilotti Rist ou encore Andy Warhol font partie des plasticiens, parmi les plus connus, qui ont exposé dans ce lieu d'expérimentation. Le CAC n'est donc pas un musée qui joue, lui, un rôle historiographique lié à la constitution et à l'élargissement de ses collections, à l'exemple du MAMCO.
Depuis sa fondation, le CAC a présenté plus de trois cents expositions pionnières, des dizaines de performances interdisciplinaires entre la danse, la musique et le multimédia, des conférences et des films ainsi que trois colloques internationaux. Parallèlement à ces manifestations, un service de médiation propose tout au long de l'année des visites guidées et des ateliers didactiques, notamment à l'intention du jeune public et des familles, ce afin d'élargir et de développer à Genève le débat sur l'art contemporain. Le CAC édite aussi des publications spécialisées en rapport avec ses activités curatoriales. Enfin, celui-ci produit et vend des oeuvres originales, en tirage limité et numéroté, des auteurs qu'il programme.
En outre, le CAC a constitué un fonds documentaire dédié à la création artistique des XXe et XXIe siècles, principalement des arts de 1950 à nos jours. L'ensemble est composé de plusieurs milliers de livres (+8.000), de catalogues d'exposition (+4.000) et de magazines consacrés aux beaux-arts, à l'architecture et, en particulier, à l'art contemporain. A quoi s'ajoutent des centaines de dossiers et de vidéos concernant les artistes ayant exposés au CAC. Une photothèque, regroupant plus de 6.000 photos et diapositives, et diverses archives complètent le tout. Ce matériel informatif est mis à disposition des étudiants et des chercheurs, mais aussi du grand public, sur rendez-vous. A noter qu'un ouvrage*, paru en juin 2017, retrace le parcours singulier de la première Kunsthalle de Suisse romande.
Directeur décrié
Quelque 13.000 personnes visitent l'institution en moyenne chaque année, dont nombre d'élèves du canton. A l'évidence, le CAC n'attire pas les foules, ce malgré sa proximité avec le MAMCO, logé dans la même bâtisse, qui fait lui aisément 40.000 entrées. L'arrivée d'Andrea Bellini à la tête de l'établissement n'a pas permis pour l'instant de renverser sensiblement cette situation. Le CAC souffre toujours d'un déficit d'image. Le manque de professionnalisme du personnel est pointé du doigt par ses contempteurs. Il faut dire que son directeur est critiqué pour ses choix artistiques et, plus largement, son management. Sa communication avec les médias et les usagers, quant à elle, pourrait être améliorée. Bouffi d'orgueil, l'homme, qui tolère peu la contradiction, ne répondrait pas aux courriers de certains journalistes ou citoyens. Pour plus d'un créateur d'ici, le CAC a l'apparence d'un espace de liberté mais il s'agit, en réalité, d'une liberté très contrôlée... par son gourou omnipotent. On lui reproche également de privilégier les deniers publics à la recherche active de fonds privés et de sponsors pour financer le CAC.
Bilan plutôt positif
Ces opposants oublient que le bilan d'Andrea Bellini, à ce stade, n'est pas si négatif qu'ils le prétendent, même si le CAC a de la peine à s'imposer sur la scène culturelle romande. Il faut savoir que la Kunsthalle genevoise était quasi à l'agonie, déconnectée de la cité et des créateurs locaux, sans direction, avec un personnel réduit et en guerre froide avec le MAMCO, avant la venue de l'Italien. En effet, c'est lui qui a relancé la Biennale de l'image en mouvement, créé une résidence pour jeunes artistes, étoffé l'offre d'exposition, ouvert le cinéma Dynamo, multiplié les partenariats avec des institutions soeurs ou encore noué un dialogue fertile avec plusieurs galeries d'art de la place tout en cherchant à donner une identité propre au CAC, autonome et originale. Cette dynamique a contribué à doubler, en cinq ans, la fréquentation publique du CAC qui stagnait jusqu'alors vers 6.000 visiteurs par an. Saluons également l'Association des amis du CAC (AACAC) qui appuie, depuis 1982, l'institution en suscitant une vie sociale autour de ses activités.
Nonobstant quelques griefs, Andrea Bellini conserve toute la confiance de son employeur, le Conseil de Fondation du CAC présidé par Xavier Oberson. Il n'a été question à aucun moment de sa démission, contrairement aux rumeurs qui circulaient. Autrement dit, le CAC est en bonnes mains. Il est vrai, toutefois, que son dirigeant réclame davantage de latitude et de ressources pour son établissement.
Confortables subventions
Le budget de fonctionnement du CAC est financé en grande partie par la Ville de Genève à partir de 1984, ce sous la forme de subventions en espèces et en nature. Elle reconnaît en ce sens la pertinence des activités déployées par l'entité et estime judicieux de soutenir leur existence et leur développement.