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mercredi 15 septembre 2010

Pervers à la Ville de Genève

SUISSE. Un collaborateur de la Bibliothèque de Genève (BGE) a été libéré avec effet immédiat de l'obligation de travailler pour motifs graves. Le bibliothécaire* concerné est accusé de consultation, téléchargement et possession de matériel pornographique infantile via son ordinateur de bureau. Il a reconnu sa culpabilité. Outre sa révocation déjà prévue par la Ville de Genève, l'individu a été inculpé jeudi dernier par la juge Josepha Chevallaz en charge du dossier pénal. Une expertise psychiatrique a été ordonnée, par ailleurs, à son encontre. Le pervers encourt, aux termes de l'article 197 al. 3bis du Code pénal suisse, d'une peine de prison d'un an au plus ou d'une peine pécuniaire.

Un précédent

Ce n'est pas le premier cas déclaré au Département de la culture de la Ville de Genève, dirigé par l'écologiste Patrice Mugny depuis deux législatures. En été 2003, une affaire similaire avait révélé qu'un fonctionnaire* regardait souvent des sites Internet pédophiles sur son PC aux Conservatoire et Jardin botaniques (CJBG). Ce cadre entretenait, en outre, une relation amoureuse avec un adolescent de 14 ans.

Le pédéraste, un père de famille juif, avait sévi en toute impunité pendant des années bien que son chef de service ait été alerté par le responsable informatique de l'institution des comportements illicites de l'employé. Finalement le pot aux roses avait été éventé par une subalterne*. Le Conseil administratif de l'époque, au courant des faits, avait tardé à réagir. Pire ! L'organe avait laissé le fautif à son poste durant encore trois mois. Une Commission extraordinaire**, menée par le magistrat précité, avait tenté d'abord d'étouffer le scandale en exigeant le 26 novembre 2003 la démission dudit cadre. En échange, celui-ci n'était pas cafardé à la justice, ce en totale infraction avec la loi. L'homme, contre toute attente, avait refusé la proposition. Dès lors, l'Exécutif avait été forcé de le dénoncer au Parquet, puis de le limoger en février 2004. Le mis en cause avait alors contesté les faits et son licenciement en justice. Patrice Mugny, embarrassé par cette histoire, avait recouru à Me Lorella Bertani, épaulée par le Service juridique de la Commune, pour représenter et défendre la Ville de Genève. Le dossier avait abouti devant le Tribunal Fédéral et coûté plusieurs milliers de francs en enquêtes administrative et judiciaire ainsi qu'en frais d'avocats et de magistrature aux contribuables. Condamné à 3 mois de prison avec sursis en janvier 2005, l’ex-fonctionnaire avait obtenu en revanche une rente pour ses 25 ans de bons et loyaux services. Pour les juges du TF, sa nomination à une fonction dirigeante, alors même que ses agissements étaient connus de ses supérieurs et, leur absence de remarques à ce sujet, diminuaient d'autant la gravité des fautes retenues à son encontre. Bien que blâmés, ni Patrice Mugny ni le directeur des CJBG n'ont été sanctionnés pour leur négligence. La Municipalité, elle, s'était vu dénier des dommages-intérêts et le remboursement de ses débours. Précisons que le pédéraste n'a pas été poursuivi pour son amor platonicus avec son giton. Le personnage a été interrogé peu après par la police au sujet du cambriolage commis le 24 novembre 2002 au Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie (MHE). Son implication sera confirmée en octobre 2008 peu avant son décès.

Des mesures tardives

Au cours de cette affaire pédosexuelle, le Conseil administratif de la Ville de Genève a édicté dans l'urgence en octobre 2003 une Directive relative à l’utilisation des systèmes d’information et de communication (SIC). Ce document prescrit que l'utilisateur de ces ressources télématiques doit adopter un comportement irréprochable, notamment en protégeant les principes et les valeurs conformes aux intérêts et à l'image de la Ville de Genève. Chaque fonctionnaire a dû signer un engagement à respecter ce règlement. Pourquoi cette précipitation ? L'avocat du pédophile avait accusé la Ville de Genève de violer l'article 26 de l'Ordonnance 3 relative à la Loi fédérale sur le travail en utilisant un système de contrôle électronique pour surveiller les activités des fonctionnaires sur leur PC professionnel, ce à leur insu et sans leur accord préalable.

Un contrôle défaillant

Comment expliquer ce nouveau scandale cyberpédophile au sein de l'Administration communale ? L'évènement révèle que le système de filtrage des accès au Web mis en place en janvier 2004 pour la Ville de Genève, ses institutions et son Wi-Fi public, présente des faiblesses ou est mal configuré. Il appert que l’agent de la BGE a pu oeuvrer sur une longue période sans que le dispositif détecte ses manœuvres criminelles. La DSIC, en charge de ce contrôle, avoue que les logiciels utilisés pour le faire, soit WebFilter (WebSense) et SmartFilter (McAfee), ne sont pas infaillibles et qu’un classement erroné des sites Internet à proscrire, sur la base de mots-clés, reste toujours possible... autorisant par là même le visionnement de sources répréhensibles. Pour autant, la Municipalité ne doit pas être comptable des actes délictueux perpétrés avec ses outils informatiques.

Relevons au passage que ce système de filtrage constitue une arme de censure aux mains du Pouvoir exécutif qui en abuse. Ce dernier peut ordonner, à tout moment, à la DSIC de bloquer certaines pages Web. Parmi les victimes, on note des partis politiques, des historiens ou encore des penseurs de la Nouvelle Droite. Pour Pro libertate, cette pratique bafoue la liberté d'expression et le droit à l'information du citoyen. L'organisation a dû ainsi intervenir plusieurs fois auprès de la Mairie pour faire lever des interdictions.

Action Innocence en colère

Autre constat dans ces deux affaires : les coupables étaient membres d'Action Innocence. Pour mémoire, cette association, fondée en 1999, accomplit un travail de prévention dans les écoles et auprès des parents afin de préserver la dignité et l’intégrité des mineurs sur Internet. Depuis 2006, l'ONG agit en collaboration avec l'Office fédéral de la police (FedPol), spécialement le SCOCI, pour lutter contre la pédocriminalité qui progresse en Suisse.

Bien entendu, Action Innocence a exclu illico ces deux sociétaires de ses rangs dès qu'elle a eu connaissance des faits présumés par la police judiciaire genevoise. L'entité espère cette fois-ci que la Ville de Genève en tire les leçons et fasse tout le nécessaire pour qu'une telle situation ne se reproduise plus à l'avenir dans son administration. La Municipalité a fait preuve de laxisme dans ces deux cas, voire de complicité passive dans le premier ! L'association demande également à la justice de condamner avec la plus grande fermeté le fonctionnaire incriminé de la BGE car, rappelle-t-elle, derrière chaque image pédophile il y a un enfant qui a été maltraité et abusé. D'aucuns en gardent des séquelles durant toute leur vie. C'est pourquoi la société doit tout faire pour les protéger contre ces prédateurs sexuels. N'oublions pas que la pédophilie, tant masculine que féminine, est un trouble paraphilique qui ne se soigne guère. Cette orientation érotique est aussi immuable que l'homosexualité. Près de 30.000 adultes seraient concernés en Suisse, selon Dis No.

* Noms connus de la rédaction

** Il existe un enregistrement sonore de cette réunion, réalisé clandestinement. En revanche, aucun PV n'a été rédigé afin de ne laisser aucune trace écrite de la proposition du magistrat dans les archives municipales