ART. Le peintre suisse Franco Maiullari (1954), alias Pixel (PX), a vendu sur Internet sa première oeuvre digitale intitulée Lines n°2 (1/1), sous la forme d'un fichier jpeg de 310 Mo, avec son certificat d'authenticité, le tout encrypté et associé à un NFT (Non-Fungible Token), pour un montant de 168.600 USD à un riche industriel chinois dont l'identité n'a pas été révélée. La transaction commerciale, payée en Ethers, a eu lieu le 28 août 2021 via la plate-forme OpenSea. Environ 2.000 personnes ont suivi l'encan en direct. Parallèlement, le plasticien a marqué l'événement en émettant un timbre-poste helvète, de valeur faciale à 1.70 CHF, sur lequel figure en miniature la pièce cédée, comme l'homme a coutume de le faire pour chaque opus produit. Vingt enveloppes affranchies avec ladite vignette et oblitérées, contenant un courrier explicatif, ont été adressées à l'acquéreur, à cinq maisons de négoce en philatélie, six musées d'art et huit collectionneurs influents, parmi eux François Pinault et David Geffen. En sus, un timbre-poste, non oblitéré, a été enregistré au dépôt légal genevois. Avec cette enchère hors-norme, la cote du créateur a bondi sur le marché international de l'art contemporain tout comme sa notoriété, le sortant d'un relatif anonymat. Celui-ci est répertorié à présent dans Artnet. Il faut savoir que jusqu'alors les ouvrages de Pixel se monnayaient entre 4.100 et 15.500 USD, guère plus...
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Lines #2 / © Franco Maiullari 2021 |
Franco Maiullari, qui est un ex-banquier, pratique en amateur l'art abstrait depuis les années 2000. Après ses deux séries de tableaux, de grands formats, Spaces (2006-2009) et Endlos (2015-2017), les bandes striées colorées, plus ou moins larges, parfois séparées par des raies blanches, le tout en alignement vertical ou horizontal, sont devenues au fil d'une temps des éléments centraux de son univers esthétique, aux multiples et infinies variations. Pixel a réalisé à ce jour quelque 130 toiles, gravures et infographies, à quoi s'ajoutent des graffitis figuratifs à Londres (GB) et New York (USA).
Pour les experts d'Artprice et certains critiques d'art, Pixel n'a pour l’heure qu'une importance mineure dans la création contemporaine, malgré son style affirmé aux qualités picturales évidentes. C'est pourquoi son subit et inattendu record sur OpenSea leur paraît être une valorisation surfaite, voire suspecte. On soupçonne une vente spéculative orchestrée par l'artiste, avec la complicité de l'acquéreur chinois et d'un second enchérisseur. Partant, le site OpenSea a suspendu le compte de Pixel. Affaire à suivre...